Comment je suis devenue citoyenne australienne

Aurélie alias "Oh really"Les démarches, S'installer en Australie

"Aussie, aussie, aussie", "G'day mate !" c'est ce que tous les australiens que je rencontre ne cessent de répéter lorsque je leur annonce avoir récemment obtenu la citoyenneté australienne. Voilà donc une chose de faite. Sept ans et demi après avoir posé pour la première fois le pied en Australie, me voilà devenue Australienne. Un processus un peu long et coûteux depuis mon premier visa, qui ne devrait cependant pas me changer radicalement la vie.
Il aura fallu passer par six différents titres de séjour pour enfin bénéficier de la citoyenneté. Je suis d'abord arrivée avec le "Working Holiday Visa" qui a duré un an. Après être rentrée en France pendant 10 mois, je suis repartie en Australie avec un "Visa touriste". J'ai ensuite obtenu un "Visa étudiant" lorsque j'ai étudié l'anglais à Byron Bay. Étant en mesure de prouver deux ans de relation de couple, j'ai alors appliqué pour le "Partner Visa". En attendant sa validation, j'ai obtenu provisoirement le "Bridging Visa". Je suis devenue "Résidente permanente" après deux ans de "Partner Visa". Enfin, deux ans plus tard, j'ai fait ma demande pour acquérir la "citoyenneté australienne".
Cette dernière démarche a finalement été assez facile. Je n'ai d'ailleurs pas eu besoin de l'aide de Simon pour lancer l'application. J'ai juste eu à remplir un long formulaire, fournir une copie de mon passeport, de mon permis de conduire et de mon acte de naissance, ajouter une photo d'identité et la faire certifier par une personne habilitée. J'ai dû payer 285AUD (environ 180€) et un mois plus tard, je recevais une lettre de convocation à un rendez-vous organisé la semaine suivante par le service d'immigration.

Ce rendez-vous devait se dérouler en deux parties. J'allais d'abord avoir un entretien avec un agent de l'immigration, puis, si je remplissais les critères requis, j'allais devoir passer un test de connaissances sur l'Australie.

Je ne me suis pas vraiment inquiétée pour l'entretien. Dans la lettre de convocation, il était écrit que j'allais devoir parler de mon application à la citoyenneté, qu'on allait vérifier mes documents d'identification, prendre une photo de moi, et s'assurer que j'étais en mesure de passer le test de connaissances. La personne qui m'a reçue, a juste vérifié mon passeport et mon permis de conduire et m'a demandé, avec un sourire entendu, si j'avais l'intention de quitter le territoire dans les prochains mois. Je lui ai rendu son sourire en répondant que non, je n'avais aucun projet de voyages dans un avenir proche (les frontières sont toujours fermées à cause du Covid).

Le test était la partie qui m'inquiétait le plus. Tout le monde me disait que c'était facile, ce qui me donnait une raison supplémentaire d'angoisser à l'idée d'échouer. Il y avait vingt questions à choix multiples sur des sujets tels que l'Australie et sa population, les principes de la démocratie, le gouvernement australien, la constitution, la mise en place des lois et les valeurs de l'Australie. J'avais révisé pendant une semaine et passé et repassé les tests d'entraînement. Pour l'obtenir, je devais avoir 75%  de bonnes réponses dont 100% concernant les valeurs australiennes. De mémoire, j'ai eu comme types de questions :

  • Quel jour célèbre t'on Australia day ? (la fête nationale)
  • Que surnomme t'on the Upper House ? (réponse : le Sénat)
  • Qui est le chef de l'Etat ? (réponse : la Reine d'Angleterre)
  • Qui signe les lois ? (réponse : le représentant de la Reine)
  • Pourquoi voter est-il obligatoire en Australie ?
J'ai obtenu 100% de réussite. Soulagement ! Je n'étais pas australienne pour autant. Il fallait ensuite que j'assiste à la cérémonie au cours de laquelle j'allais devoir prêter serment.
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La cérémonie a eu lieu un mois plus tard. J'ai eu de la chance car nous sommes sortis du confinement dû au Covid-19 juste à temps (alors que le reste de la Nouvelle Galle du Sud est toujours confiné). Parmi les huit candidats à la citoyenneté, il y avait Martha, mon amie colombienne. C'est d'ailleurs grâce à elle que je me suis décidée à devenir australienne.
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Ça s'est passé au Conseil municipal. C'est la maire qui a animé la cérémonie. Nous avons eu le choix de prêter serment devant dieu ou de nous abstenir. Voici les mots que j'ai dû prononcer :

From this time forward, I pledge my loyalty to Australia and its people, whose democratic beliefs I share, whose rights and libertes I respect, and whose laws I will uphold and obey.
L'hymne national a été joué. Apprendre par cœur les paroles n'était heureusement pas un prérequis. Grâce à mon masque, il m'a juste suffit de bouger les lèvres pour donner l'impression que je connaissais la chanson. Nous avons ensuite pris des photos, mangé des lamingtons et des Anzac biscuits, salué la maire et nous sommes partis. Nous avons fêté ça le soir même dans un pub local puis le lendemain, en faisant une fête à la maison. C'était officiel, j'étais devenue citoyenne australienne.
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Pour être honnête, je pensais que ça me ferait l'effet d'une simple formalité. Entre le moment où j'ai lancé l'application et celui où j'ai assisté à la cérémonie, tout est allé très vite. Ce qui va vraiment changer pour moi, c'est de pouvoir voter (j'aurai une amende si je n'accomplis pas ce devoir), d'étudier à moindre frais, d'avoir accès aux aides sociales si besoin, d'avoir un passeport australien et de pas être obligée de renouveler régulièrement ma résidence permanente. J'ai cependant eu ce sentiment inattendu et étrange d'avoir un peu trahi mon pays d'origine.
L'actualité mondiale n'a pas joué en ma faveur car un jour plus tôt, le premier ministre australien annonçait qu'il se retirait d'un contrat de plusieurs milliards de dollars que l'Australie avait signé avec la France pour lui acheter des sous-marins. J'ai trouvé perturbant de continuer à défendre la France alors que je venais tout juste de devenir australienne.

J'aime ces deux pays. J'ai pu garder ma nationalité française et je pense que je resterai toujours une française pour les australiens. Même si la plupart d'entre eux m'ont accueillie à bras ouverts, j'ai eu droit la dernière fois à une petite réflexion qui ne me fera jamais oublier d'où je viens : "Est-ce que obtenir la citoyenneté australienne signifie que l'on va dorénavant te comprendre lorsque tu parles ?". Peut-être que je ne maîtrise pas encore l'humour australien...  Je serai toujours en partie française du fait de ma culture, de mon attachement à la  gastronomie et au vin bien sûr, mais surtout du fait de mon fort accent (que je ne cherche plus à cacher car il est très apprécié).

La vrai question maintenant est de savoir si, une fois en France, j'aurai l'air d'une vraie aussie.

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