Faire venir le soleil et prendre soin de nos plantations

Aurélie alias "Oh really"La permaculture

Massacre à la tronçonneuse

A mon retour de Byron Bay, j’ai eu du mal à reconnaître mon cher jardin. Trois jours ont suffi pour faire de la place et redessiner la propriété. J’ai eu un petit pincement au cœur lorsque arrivée devant chez moi, l’impression de vivre dans une forêt tropicale avait disparu. Beaucoup de palmiers ont été abattus ainsi que quelques eucalyptus et turpentines. A la base, j’étais complètement contre cette idée de sacrifice végétal pour mettre à nu ce jardin dont j’étais si admirative lors de mon arrivée à Valla. Il m’a fallu un petit moment et un long tour à travers le terrain pour finalement admettre que le résultat n’était pas si mal. On a maintenant le sentiment d’avoir beaucoup plus d’espace.
Pourquoi avoir procédé à ce massacre ? Quatre raisons le justifient.

Premièrement, le soleil. Pour optimiser nos chances de faire pousser fruits et légumes il fallait procurer aux plantes une exposition maximale à la lumière. De hauts eucalyptus bloquaient l’ensoleillement du potager assez tôt dans la journée. Dorénavant, l’espace est bien mieux éclairé et nous profitons plus longtemps du soleil pendant la journée. Tomates, haricots et salades semblent apprécier ce changement. Ce petit éclaircissement profitera également aux nouveaux panneaux solaires qui seront installés d’ici quelques mois.

Deuxièmement, la sécurité. Même si les palmiers ont la réputation de tenir bon en période de cyclone, certains d’entre eux étaient particulièrement proches de notre maison. Comme nous ne voulions pas prendre le risque de devoir partager notre lit avec un arbre de 20 mètres au beau milieu d’une nuit où le vent souffle, nous avons préféré mettre un terme à cette menace. Des arbres ont également été abattus autour de l’emplacement du futur hangar.
Même si l’on s’est mis d’accord pour placer le bus au plus prêt de la forêt pour un effet “Into the wild”, nous avons pris soin de niveler un espace pour l’installer et couper tous les arbres qui auraient pu en cas de tempête réduire en poussière tous les travaux que Simon a déjà entrepris.

Troisièmement, les nuisibles. Il y a deux types de palmiers sur la propriété : les Bangalow palms et les Cocos palms (ces derniers ne donnent même pas de noix de coco). Nous avons presque conservé tous les Bangalows (idéals pour la confection de paniers). En revanche, les Cocos ne sont d’aucune utilité (mise à part qu’ils sont jolis), ils sont considérés comme une mauvaise “herbe” nocive et attirent les chauves-souris par leurs fruits. Vous me direz : “c’est mignon les chauve-souris ?!”. Sauf qu’en Australie, elles n’ont rien de nos petites roussettes françaises qui virevoltent au dessus de nos têtes pendant les douces soirées d’été. Ici elles font 1,5 mètre d’envergure, elles sont bruyantes et l’odeur de leur déjection prend à la gorge et pique presque les yeux.

Et quatrièmement, le bois. Les larges troncs d’arbre obtenus ont été découpés par une scierie qu’une association locale a bien voulu nous prêter. Il faudra attendre au moins un an que sèchent les planches de bois pour pouvoir les utiliser. Elles permettront de construire étagères, meubles ou structures intérieures.
Les troncs des palmiers nous seront utiles pour délimiter les surfaces (potager ou parking par exemple).
Nous avons déposé une partie de la sciure dans le compost. Celle-ci étant riche en carbone, elle apporte, en quantité raisonnable, un bon équilibre avec l’azote fourni par nos déchets de cuisine.

Un peu de douceur pour les plantes

Après ces quelques jours passés dans le bruit et la sciure, le calme est revenu et nous commençons doucement à repeupler l’espace par des arbres fruitiers et des espèces endémiques de l’Australie qui attireront les oiseaux.
Simon a paillé le potager ainsi que certains arbres. L’intérêt du paillage est d’éviter que les mauvaises herbes n’empiètent sur la plante cultivée. De plus, l’eau est contenue plus longtemps dans la paille ce qui évite un arrosage trop fréquent. A la paille posée au pied des arbres, il a ajouté un peu de fiente de poule afin de leur apporter un engrais naturel de qualité.
Dans le potager, nous avons laissé des miroirs à proximité des plans de tomates afin de leur apporter un supplément de lumière grâce à la réflexion du soleil. De temps en temps, les Fairy wrens (Mérions en français) viennent piaffer en admirant leur reflet.
L’hiver arrivant, nous subissons quelques échecs dans la plantation de nos nombreuses graines. De bonnes surprises parfois font leur apparition après plusieurs semaines sans donner signe de vie. Coriandre, tomates et haricots n’ont pas été intimidés par la lente descente des températures.

Et bien sûr, nos petites poules

Cinq nouvelles poulettes ont rejoint l’équipe. Ce sont des ISA browns. Ces poules rousses pondent les œufs bruns que nous avons l’avons l’habitude d’acheter en France. Pour l’instant nous avons un très bon rendement puisque nous obtenons facilement 5 à 6 œufs par jour. L’occasion de nous faire bien voir des voisins à qui nous offrons volontiers une douzaine d’œufs. Tomates, bananes ou courges de leur jardin nous sont souvent offerts en échange.
Bucky est la dernière recrue. Encore jeune, la pauvre était la seule rescapée du poulailler voisin, décimé par la soif ou le chat du propriétaire. Quand nous sommes venus la chercher, un énorme python attendait discrètement dans le poulailler qu’on veuille bien les laisser en tête en tête. C’est une petite poule traumatisée (et un peu débile) que la voisine a bien voulu nous confier pour la sortir de son affliction.

Nous avons déplacé le poulailler en vu de préparer le terrain pour le verger. En effet, l’excrément des gallinacés apportera à la terre des nutriments utiles à la croissance et la bonne santé des arbres fruitiers. Les poules apprécient ce changement puisque dorénavant elles peuvent prendre des bains de soleil et de terre sèche sur leur nouvel emplacement. Le hangar sera construit là où l’ancien poulailler se situait.

Les travaux et améliorations avancent à vitesse grand V. En deux mois, le paysage a déjà beaucoup changé. J’ai du mal à me projeter dans les deux prochains mois. Une chose est sûre, avec la qualité de notre terre et la nouvelle surface exploitable qui s’offrent à nous, d’ici un an, nous ne fréquenterons plus beaucoup les rayons fruits et légumes des supermarchés.