Être bénévole chez Boomerang Bags, faute d’avoir un vrai travail

Aurélie alias "Oh really"Le travail, S'installer en Australie

Quatre mois déjà que nous avons aménagé à Valla et quatre mois que je n’ai toujours pas de travail. C’est l’angoisse un peu car je vis toujours sur mes économies. Deux premières phrases qui ne respirent pas la joie et l’optimisme vous me direz. D’ailleurs “Captain Negatif “, c’est comme ça que m’appelle parfois mon bien-aimé. Je remarque toutefois qu’il ne m’a pas nommée ainsi depuis un petit bout de temps. C’est sûrement un bon signe que je me soigne. Je cherche du travail pourtant. Je regarde tous les jours sur un site de petites annonces et je dépose quelques CVs à droite à gauche. La plupart des managers me disent que c’est la pire saison de l’année pour trouver du travail dans la restauration et quand par bonheur il y une offre dans les environs, on est apparemment trente à débarquer pour postuler. Non vraiment je ne pense pas être venue habiter dans une région prospère en opportunités professionnelles. Certes je pourrais chercher un peu plus activement. Étendre mon périmètre et ne faire l’impasse sur aucun des cafés, pubs, restaurants, bars, boulangeries devant lesquels je passe. Je crois qu’en vérité, je suis motivée pour avoir un revenu (oui bon comme tout le monde c’est vrai) mais pas tant pour être payée une misère à faire un travail physiquement éprouvant. Dix ans de vie de bureau avec un salaire correct pour passer à un travail de serveuse ce n’est pas forcément l’évolution dont tout le monde rêve, surtout à 34 ans.

Comme j’avais tout de même envie de rencontrer de nouvelles têtes et faire quelque chose d’utile pour la communauté, j’ai décidé d’intégrer l’équipe des Boomerang Bags de la Nambucca Valley. C’est Marg, la mère de Simon qui m’a informée de l’existence de cette association. Les Boomerang Bags ce sont des sacs en tissu fabriqués par les petites abeilles dont je fais dorénavant partie. Contrairement à la France, les sacs plastiques ne sont pas encore bannis des supermarchés. Grâce aux tissus gracieusement donnés – pas d’achat, que du recyclage de vieux draps, taies d’oreiller, tissu jamais utilisé… – nous confectionnons des sacs qui ont vocation à remplacer les sacs plastiques. Ils s’appellent boomerang car comme l’objet, ils reviennent au même endroit. En l’occurrence à l’endroit où l’on fait ses courses.

En plus d’être respectueuse de l’environnement, l’association l’est également de la culture aborigène.

Aboriginal people of Australia are part of the oldest continuous living culture in history. Aboriginal people have a rich custom, lore and value system based on the sustainability of their spiritual connection, belonging, obligation and responsibility to care for the land, the people and the environment. Boomerang Bags works to support their core values to protect the land and provide a healthy future for all living creatures.
boomerangbags.org

Tous les mercredis, je me rends à Bowraville, une bourgade dont les façades des bâtiments de la rue principale, semblent avoir été spécialement conçues pour un tournage de cinéma. Malheureusement, Bowraville n’est pas connu pour ses studios hollywoodiens mais pour une sordide histoire de triple homicide qui a eu lieu au début des années 90 et dont on n’a jamais retrouvé le meurtrier. Ca donne envie d’y aller n’est-ce pas ? Ce petit village se situe dans les terres et j’ai 30 minutes de voiture à travers une jolie route de campagne pour m’y rendre. J’y retrouve Maz, Gai, Dorothy et trois ou quatre autres personnes pour une journée de couture. Je ramène ma machine à coudre et le reste, tissus, fils et équipement sont fournis par l’association. Sans trop de surprise je suis la petite jeunette du groupe. La plupart des ladies sont femmes au foyer (euh… comme moi en fait) où retraitées. Toutes sont absolument charmantes.

Concernant les sacs, à partir d’un modèle unique, chacune se concentre sur l’une des différentes étapes. D’abord, une bénévole coupe les tissus aux bonnes dimensions, une autre repasse les anses qu’il faudra ensuite coudre, pendant ce temps, les côtés intérieurs du sac sont surjetés. Enfin, il faut assembler les anses et coudre les finitions. Nous essayons de changer de rôle régulièrement pour éviter de rendre la tâche trop répétitive.

Lors de la pause déjeuner, nous profitons de la terrasse ensoleillée pour papoter. Dorothy m’apprend à faire du crochet et me donne une leçon par semaine. Idéal pour les soirées au coin du feu (ici chez Bill). Une vraie mamie !

Dimanche dernier ce fut le lancement officiel au marché de Funkya@Unkya Market. De nombreux sacs ont été vendus. 5 dollars le sac, 20 les 5. L’argent récolté nous sert à payer le loyer de notre local, la peinture pour imprimer le logo, l’emplacement du stand au marché… bref nous ne faisons aucun bénéfice. Dans une ambiance baba-cool et éco-friendly, les gens nous ont signifié leur intérêt pour le concept des Boomerang Bags. Certains avaient entendu parler de nous grâce au journal local dans cet article ou encore celui-là. Tous étaient curieux, enthousiastes et n’ont pas manqué de nous encourager pour notre bonne action et volonté de réduire l’invasion des sacs plastiques dans nos océans. Ce bref moment passé au marché fût assez gratifiant. Je n’ai toujours pas de travail mais au moins, j’ai la reconnaissance de la population locale. Et ça, c’est une rémunération qui fait chaud au cœur.